La boîte à thé

Publié le par Charlotte L.

La boîte à thé

La boîte à thé n'est qu'un bout de carton imprimé, plié en quatre de façon à ce qu'il y ait un fond, quatre parois et un couvercle. Et ce couvercle est une porte fermée sur les jardins des rois. Quand on le soulève, on laisse le bout de ses doigts s'attarder sur ses bords un peu rugueux, pour avoir le simple plaisir de sentir le pan de carton se lever lentement, glisser et finalement basculer de l'autre côté. Si l'extérieur n'a rien de particulier, l'intérieur est en réalité un écrin pour un trésor séché ; ses couleurs douces tranchent avec le vieux gris de la boîte, tout ordinaire qui semble bien peu indiqué pour recueillir un tel Eden. Rangés par teintes et par goût, par origines, et au gré de celui qui les y a disposés, les sachets se massent ou s'alignent, leurs flancs ventrus, remplis d'herbes soigneusement hachées se pressent les uns contre les autres comme autant d'épis de blé. Ce délicat tableau ravit les yeux, mais c'est le nez qu'il comble le plus : la menthe, la verveine, le tilleul, le citron et même le thé lui-même, le rouge, le noir, le vert et autres tisanes, rooïbos, infusions donnent tous ensemble une agréable, peut-être même délectable, musique qui charme l'odorat autant que le coeur. Dans cette fragance suave se promène toujours une promesse inexpliquée, une brève vision d'un goût plongé dans l'eau fumante, un léger rêve se diluant en flaques colorées à travers l'onde.

Publié dans Les petits trésors, Textes

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